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Côte d’Ivoire : Dissolution des syndicats étudiants par l’exécutif

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En Côte d’Ivoire, l’exécutif vient de prendre une décision aussi radicale que controversée : la dissolution de toutes les associations syndicales étudiantes. Cette annonce intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des violences sur les campus, où la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) est accusée d’avoir semé le chaos. Mais cette mesure suffira-t-elle à apaiser les tensions ou ne fera-t-elle que déplacer le problème ? Retour sur une affaire qui secoue le monde universitaire ivoirien.

Un syndicat dans la tourmente : FESCI au cœur des accusations

Créée dans les années 90, la FESCI s’était initialement imposée comme un mouvement contestataire puissant contre l’ancien parti unique, le PDCI-RDA. Depuis, elle a évolué pour devenir une force influente au sein des universités ivoiriennes, avec près de 100 000 membres revendiqués. Cependant, la FESCI est aujourd’hui dans le viseur des autorités, accusée d’être à l’origine de plusieurs actes de violence, dont les meurtres récents de deux étudiants.

Les autorités ont annoncé l’arrestation de 17 membres de ce syndicat, y compris son leader, Sié Kambou, soupçonnés d’implication dans ces crimes. La FESCI est également pointée du doigt pour avoir pris le contrôle illégal de la gestion des chambres universitaires, imposant ses propres règles et louant ces espaces à des tarifs aléatoires.

Une opération d’envergure pour assainir les campus

Face à la situation alarmante, le gouvernement ivoirien a lancé une vaste campagne d’expulsions visant à libérer les résidences universitaires des mains de la FESCI et de ses partisans. Au total, environ 5 000 individus logés illégalement ont été évacués des campus d’Abidjan, Bouaké et Daloa. Des opérations qui ont permis la saisie d’armes telles que des machettes et des grenades, révélant un climat de terreur instauré par certains étudiants.

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En parallèle, une « maison close » ainsi qu’un « tunnel de torture » ont été démantelés, jetant une lumière sinistre sur la mainmise de la FESCI sur certains campus. Le Conseil National de Sécurité (CNS), sous la présidence du chef de l’État Alassane Ouattara, a entériné la dissolution des syndicats, marquant ainsi la volonté de l’exécutif de restaurer l’ordre dans les universités ivoiriennes.

Quelle alternative pour les étudiants ?

Alors que les opérations de réattribution des logements étudiants vont bientôt débuter, les critères seront cette fois plus stricts. Le gouvernement promet de privilégier les étudiants ayant de bons résultats académiques, tout en prenant en compte des critères comme l’âge et la vulnérabilité sociale. Toutefois, cette nouvelle mesure suscite des questions. Avec la dissolution des syndicats, qui défendra désormais les intérêts des étudiants ?

L’absence d’une structure organisée pour encadrer les revendications étudiantes pourrait créer un vide, laissant place à d’autres formes de contestation. En effet, la FESCI, bien que controversée, a longtemps été un acteur incontournable des revendications étudiantes, notamment sur des questions liées aux conditions de vie dans les campus.

Un pari risqué pour le gouvernement ivoirien

La dissolution des syndicats étudiants est perçue par certains comme une tentative légitime de rétablir la paix sur les campus, tandis que d’autres y voient une mesure symbolique qui ne réglera pas les problèmes de fond. La gestion des chambres universitaires et la violence sur les campus sont des symptômes de dysfonctionnements plus profonds, touchant à la précarité des infrastructures et à l’insuffisance de logements pour les étudiants.

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Cette décision pourrait également provoquer un retour de bâton politique et social, notamment si les étudiants, déjà fragilisés par ces mesures, n’ont plus de porte-parole pour exprimer leurs frustrations.

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La rédaction

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